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Le cri 
 
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Il avançait convulsivement sur une route aux lignes fuyantes, tournant le dos à une étendue d'eau d'un bleu sombre. Au détour du chemin (la route était devenue un chemin cahoteux), il ne put se contenter de la parole, moins encore d'un murmure. Il lui fallait cet acte par lequel l'homme se délivre d'une angoisse profonde qui vient d'une source indistincte, moins analysable que la pensée et qui échappe à la logique du langage articulé : le cri.

Le cri proféré par ce personnage en proie à l'on ne sait quelle terreur, avait une résonnance plus profonde, plus ancienne que l'humanité. Une peur atavique, une peur sans limite paralysait le personnage désarticulé devant cette horreur immonde, sans nom qu'il venait d'apercevoir devant lui dans ce chemin inconnu.

A ce moment précis, la lune gibeuse projeta une lueur blafarde
Une douleur intolérable envahit son cerveau exposé à cette vision inhumaine, ses jambes se dérobèrent sous lui, il tomba sans connaissance sur le sol, soulevant un nuage de poussière. Cette poussière monta aux cieux et cacha un instant cette lune irréelle d'une nuit de cauchemar. Il sombra dans une nuit profonde ouverte sur un gouffre béant. Il tombait sans que rien ne lui indique sa chute si ce n'est cette impression de vertige, de chute interminable. Il flottait dans le noir devenu matière gluante qui l'enveloppait. Cette matière devint tellement dense qu'elle l'arrêta dans sa chute ...

Sa chute lui avait semblé durer une éternité. Il se retrouva dans un couloir au pied d'un escalier séculaire où une clarté diffuse permettait de déceler un détail : toutes les marches, les parois étaient recouvertes de peau de crocodile. Il régnait à cet endroit un silence incommensurable, il comprit que tous les bruits s'étaient évanouis dans l'éternité. Il était piégé dans ce couloir du temps devant un escalier infini ...

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